"Ceci n'est pas une histoire juive" de Nathalie Vannereau
- Par michel-afhdo
- Le 15/10/2019
- Dans Cinéma
Enfants de Hongrie, Ibolya, György, Gyuri, Anna, Endre, et Judit sont juifs. Ils ont survécu aux massacres de la période nazie pendant la seconde guerre mondiale. Six témoignages, parmi les derniers survivants du ghetto de Budapest et de la déportation vers les camps de concentration nazis font écho à la politique de la Hongrie, sous l’actuel gouvernement d’Orban.
CECI N'EST PAS UNE HISTOIRE JUIVE offre ainsi la parole à celles et ceux dont le silence fût le premier récit. 75 ans après, ils n’ont pas fini de raconter. Nous n’avons pas fini de les entendre.
Péter, lui même hongrois d’origine juive, traducteur et journaliste culturel, parle un excellent français. Sa voix très grave se pose sur ces visages qui défilent lentement. Très calmes. Presque immobiles. Six visages silencieux, cernés, sculptés, lumineux. Cheveux gris ou très blancs. Regards face caméra perdus ou perçants. Tous, pénétrés par cette histoire commune, portée par la voix de Péter :
« Les hongrois, les juifs hongrois, ne voulaient pas croire que ça puisse leur arriver, même s’ils savaient ce qui se passait avec les juifs des pays voisins. Respectant les lois, même les lois anti-juives, ils avaient un sentiment patriotique très fort. Ils ne voyaient pas la raison pour laquelle ils devaient être persécutés, et même exterminés. C’est aussi une des raisons pour laquelle il n’y avait pratiquement pas de résistance. Même avant d’entrer dans les wagons de déportation, beaucoup, peut-être la plupart d’entre eux, ne voulait toujours pas croire ce qui les attendait... »
Chacun nous entraînera dans les méandres de son propre récit, unique, distinct, irréductible et subjectif. Guère d’enfance pour ces enfants de la guerre, devenus vieux, qui ont soucis de rappeler les conditions d’existence au cours de cette année 1944 et s’inquiètent des idées xénophobes véhiculées par l’état hongrois et leur impact sur la population.
Le Danube qui traverse Budapest s’immisce dans les plis de leur histoire avec ses clapotements, ses rides, l’entrelacement de ses ondes. Des vêtements, des jouets, des objets surnagent, sont engloutis, dérivent... Tout un imaginaire dérive... Survivance des êtres exécutés sur ses berges en 1944, par les nazis hongrois, les Croix fléchées.
Réveillant les souvenirs de cette époque fasciste en Hongrie, derrière ces mots et ces images de la guerre, que nous révèlent ces témoignages sur l’Europe et nos démocraties d’aujourd’hui?